La blessure d’abandon, ce n’est pas juste une douleur du passé. C’est un écho qui continue de résonner dans ton présent. Tu as peut-être cette impression étrange d’avoir tout pour être en paix, et pourtant… quelque chose te tire vers le vide. Une inquiétude diffuse, une peur que l’autre parte, qu’il t’oublie, qu’il t’abandonne.
Je le vois souvent dans les accompagnements. Ce n’est pas conscient. Tu te sens enfin bien dans une relation, tu te laisses aller à la confiance… et pourtant, sans t’en rendre compte, tu commences à provoquer. Tu veux voir si l’autre tient bon. S’il reste. S’il t’aime vraiment.
Je voulais vraiment écrire cet article parce que je vois cette détresse encore et encore. Ce mécanisme inconscient où tu sabotes ce qui va bien, pour tester la solidité du lien. Et à chaque fois, le résultat est douloureux. Quand la relation tient, tu culpabilises. Quand elle casse, tu souffres encore plus.
Mais tu n’es pas ce schéma. Tu es bien plus que ça. Et surtout, tu peux t’en libérer.
Qu’est-ce que la blessure d’abandon ?
La blessure d’abandon naît d’un manque de présence, d’écoute ou de soutien, souvent dans les premiers liens de ta vie. Elle peut venir d’un parent physiquement absent, d’un adulte émotionnellement indisponible, ou même d’un vécu d’insécurité subtil mais constant.
Tu peux avoir grandi dans une maison remplie de monde et t’être senti seul. Cette blessure ne dépend pas toujours de ce qui est visible. Parfois, c’est l’invisible qui blesse le plus.
Elle te laisse avec cette sensation qu’on pourrait te quitter à tout moment. Tu deviens hypervigilant, tu ressens tout trop fort, et tu t’adaptes pour ne jamais déranger. Ou au contraire, tu repousses l’autre pour voir s’il reste.
Tu crois que si quelqu’un t’aime, il doit le prouver. Encore. Et encore. Et encore.
Les signes de la blessure d’abandon
Identifier les signes de la blessure d’abandon, c’est déjà poser un regard lucide sur ce qui te fait mal. Ce sont souvent des comportements que tu crois « normaux » ou « de caractère », mais qui sont en fait des stratégies inconscientes de protection face à une peur profonde : celle d’être laissé, oublié, rejeté.
Voici les manifestations les plus fréquentes :
Anxiété relationnelle permanente
Tu ressens une angoisse à l’idée que l’autre s’éloigne, te remplace ou t’oublie. Tu peux devenir hypervigilant, à l’affût du moindre signe de désintérêt. Un message lu sans réponse ou un changement de ton suffit à déclencher une spirale de doutes.
Alternance entre évitement et fusion
Tu oscilles entre deux extrêmes : fuir les liens de peur d’être blessé, ou t’y accrocher avec une intensité parfois étouffante. Tu peux repousser l’autre pour ne pas souffrir, puis revenir par peur de l’avoir perdu. Ce va-et-vient est épuisant, autant pour toi que pour les autres.
Besoin constant de réassurance
Tu cherches des preuves d’amour, d’amitié, de loyauté. Tu peux poser des questions comme « Tu es sûr que tu m’aimes ? », « Tu ne vas pas partir ? ». Ces demandes répétées ne sont pas des caprices : elles expriment une insécurité affective profonde.
Faible estime de toi
Tu te sens facilement de trop, pas assez bien, pas à la hauteur. Tu peux penser que si l’autre t’abandonne, c’est forcément parce que tu es « défectueux ». Tu cherches à plaire, à faire plaisir, à éviter le conflit, même si cela signifie t’effacer.
Difficulté à faire confiance
Tu as du mal à croire que quelqu’un puisse rester. Tu peux anticiper la trahison, lire entre les lignes, imaginer des intentions cachées. La méfiance devient un réflexe de survie.
Hypersensibilité au rejet
Un simple oubli, une remarque neutre, une absence de réponse peut réactiver une tristesse disproportionnée. Ce n’est pas que tu dramatises. C’est que tu revis, inconsciemment, des sentiments d’abandon antérieurs.
Perfectionnisme et contrôle
Tu cherches à tout maîtriser pour ne pas être pris au dépourvu. Tu crois que si tu fais « tout bien », on ne te quittera pas. Ce perfectionnisme est une tentative d’acheter la sécurité affective.
Répétition de schémas douloureux
Tu reproduis des relations où tu te sens exclu, abandonné, invisible. Ce n’est pas un hasard. C’est un appel intérieur à regarder la blessure non résolue.
Réactions émotionnelles intenses
Quand la peur d’être abandonné se réactive, tu peux être submergé. Cela peut se traduire par des crises d’angoisse, des accès de colère, de la jalousie, ou un profond repli sur toi-même.
Ces schémas ne sont pas des défauts. Ce sont des mécanismes de protection. Mais tu peux apprendre à les transformer.
La reconnexion familiale comme voie de guérison

Guérir cette blessure, c’est souvent passer par une forme de reconnexion. Pas forcément avec ta famille en chair et en os. Mais avec ton histoire. Tes racines. Ce qui a été.
Comprendre les origines
Il est essentiel de regarder les circonstances qui ont fait naître cette blessure. Qu’est-ce qui t’a manqué ? De qui aurais-tu eu besoin ? Parfois, ce ne sont pas les faits eux-mêmes, mais la façon dont ton cœur d’enfant les a vécus.
Cette blessure peut aussi s’être enracinée dans ce qu’on appelle le « chemin interrompu vers la mère » : un lien d’attachement rompu trop tôt, ou suspendu brusquement, sans que tu ne saches pourquoi. J’en parlerai plus en détail dans un prochain article, car ce thème est fondamental.
Dire ce qui n’a jamais été dit
Quand c’est possible, ouvre des espaces de parole. Pas pour accuser, mais pour dire. Poser des mots là où il n’y avait que du silence. Même si l’autre ne répond pas, le simple fait de te donner le droit d’exprimer ce que tu as ressenti peut être profondément réparateur.
Rendre à chacun ce qui lui appartient
En constellation familiale chamanique, on ne pardonne pas aux parents. On rend ce qui ne nous appartient pas. La douleur non digérée de ton père, les absences de ta mère, les blessures transgénérationnelles… tu n’as pas à les porter.
Ce travail demande de la compassion, de l’empathie, mais surtout une clarté intérieure : tu n’es pas responsable des souffrances des générations précédentes. Pour guérir la blessure, tu dois restituer ce fardeau et reprendre ta juste place dans la lignée.
Se créer une famille choisie
Parfois, la famille biologique reste inaccessible. Tu as alors le droit de t’entourer de cœurs sûrs, de présences vraies. Créer une famille d’âme, c’est aussi honorer ton besoin de sécurité, d’amour et d’épanouissement affectif.
Outils pour guérir les blessures d’abandon
Guérir cette blessure demande une approche globale : émotionnelle, cognitive, symbolique, énergétique. Voici les pratiques que je recommande souvent dans mon accompagnement :
1. Les constellations familiales chamaniques
Les constellations familiales chamaniques mêlent la sagesse du chamanisme et la puissance symbolique des constellations. Elles permettent de révéler ce qui agit dans l’invisible, bien au-delà de ta conscience : loyautés transgénérationnelles, places inversées, non-dits, émotions héritées, peurs silencieuses.
En traitant à la fois les aspects émotionnels, psychologiques et spirituels, cette approche offre une guérison holistique. Elle ne se contente pas de soulager les symptômes visibles. Elle te permet de remonter jusqu’à la racine des déséquilibres familiaux et relationnels.
Dans une constellation, tu peux rendre ce qui ne t’appartient pas, reprendre ta juste place, libérer une tristesse qui n’est pas la tienne, ou reconnaître un ancêtre oublié. Tu ne travailles pas seulement pour toi : tu ouvres un espace de guérison pour toute ta lignée.
Les constellations ne sont pas une solution rapide. C’est un travail profond, transformationnel, parfois bouleversant, souvent libérateur. Elles t’invitent à te reconnecter à ton système avec respect, clarté, et compassion, pour te libérer enfin de ce qui t’entrave.
2. Le chamanisme et le recouvrement d’âme
Quand un traumatisme est trop douloureux, une part de toi peut se dissocier. Le chamane va alors retrouver cette part blessée (perte d’âme) et te permettre de la réintégrer. C’est une étape puissante pour te sentir à nouveau entier et vivant.
Le recouvrement d’âme est un rituel dans lequel le chamane va chercher cette part blessée, restée figée dans l’instant du traumatisme, et t’aide à la réintégrer pour retrouver ton unité intérieure.
Dans le cadre de la blessure d’abandon, ce soin permet de revenir à toi, de te reconnecter à ta force vitale, et de ne plus vivre dans la peur d’être quitté, oublié, effacé. C’est un acte de réparation profonde, à la fois symbolique, énergétique et thérapeutique.
3. Le lien avec ton enfant intérieur
En accueillant ton enfant intérieur avec bienveillance, tu apaises la peur de l’abandon. Tu construis une sécurité intérieure stable, tu répares les carences affectives et tu apprends à t’aimer sans condition.
4. L’hypnose thérapeutique
Elle agit directement sur l’inconscient et peut t’aider à libérer la tristesse, la dévalorisation, les émotions négatives et les blocages affectifs anciens.
5. La psychothérapie
Qu’elle soit comportementale, cognitive ou psychanalytique, elle permet d’explorer ton histoire émotionnelle, de comprendre tes peurs, ton anxiété, et de travailler sur ta confiance en toi.
Un thérapeute ou psychothérapeute formé à ces problématiques pourra t’offrir un cadre contenant, bienveillant, pour t’aider à traverser les moments difficiles avec stabilité, empathie et douceur.
Auto compassion et patience
Tu n’as pas à courir vers ta guérison. Tu n’as pas à « bien faire ». Ce processus demande du temps, de la répétition, parfois des retours en arrière. Et c’est normal.
Ce qui compte, c’est la qualité de ta présence à toi-même, pas la vitesse de ta transformation.
Pratique l’auto-compassion. Sois doux, patient, bienveillant avec toi. Célèbre chaque petit pas, chaque prise de conscience, chaque moment où tu choisis de ne plus t’abandonner.
Même si tu doutes. Même si tu recommences. Chaque pas, même minuscule, est un pas vers une vie plus épanouie, plus stable, plus ancrée dans des relations saines.
Gérer les défis et les résistances
Le chemin pour guérir la blessure d’abandon est souvent semé d’embûches. Tu peux te sentir dépendant, anxieux, traversé par des émotions négatives puissantes. Et parfois, tu auras envie d’abandonner… encore une fois.
Accepter la résistance comme une étape normale
Ton inconscient cherche à te protéger. Si tu ressens de l’angoisse, du doute, de la confusion ou même du désespoir en avançant, ce n’est pas un échec. C’est une résistance naturelle au changement. Elle te signale que tu touches quelque chose de sensible, peut-être de profondément enfoui.
Identifier les mécanismes de défense
Tu peux te surprendre à :
- minimiser ta douleur,
- fuir les relations affectives,
- douter de ton thérapeute,
- te dire que ce travail « ne sert à rien ».
Ces mécanismes sont des masques de survie. Ils ne sont pas là pour t’ennuyer, mais pour t’éviter de revivre une ancienne impuissance.
Ralentir sans reculer
Dans ces moments, n’essaie pas d’aller plus vite que ton rythme. La bienveillance envers toi-même est l’un des plus puissants leviers de transformation. Tu as le droit de ralentir. Mais continue d’avancer, même par micro-pas.
S’entourer d’un cadre soutenant
Un bon thérapeute, un psychothérapeute formé, un cercle bienveillant ou un groupe de parole peuvent être des appuis solides pour traverser les vagues émotionnelles. Tu n’as pas à tout porter seul. Tu n’as plus à prouver ta force en te coupant de tes besoins.
Renforcer ta capacité à être toi-même
Ces moments de résistance sont souvent des opportunités. Tu peux y réapprendre à poser des limites, à dire non, à reconnaître tes besoins affectifs profonds. Tu renforces ainsi ta capacité à être toi-même, sans t’excuser d’exister.
Conclusion
La blessure d’abandon peut créer des ravages silencieux : un vide, un besoin d’amour immense, des comportements affectivement dépendants, une difficulté à être heureux. Mais elle n’est pas une fatalité.
Tu peux guérir les blessures, retrouver ton estime, faire confiance à nouveau, te choisir, t’ouvrir, aimer sans t’effacer.
Tu n’es pas né pour survivre aux relations. Tu es ici pour t’y épanouir.
Et ce chemin commence le jour où tu décides de ne plus abandonner… celui que tu es.
Aho
Véronique
Ton article m’a touché en plein cœur 💥💔.
Tu mets des mots justes sur des douleurs qu’on garde souvent sous silence, et surtout… tu ouvres des portes là où on croyait qu’il ne restait que des murs. Sortir de l’abandon, ce n’est pas un sprint mais un chemin cabossé, et tu arrives à en parler avec une humanité désarmante. Merci pour cette lecture aussi douce que puissante !
Merci pour ton commentaire. Ce que tu dis sur le chemin cabossé, lent, parfois invisible… c’est très juste. Si cet article a pu t’ouvrir un espace ou te faire voir les choses un peu autrement, alors j’en suis heureuse. Ce qui t’aidera sans aucun doute, c’est d’être compréhensive, indulgente avec toi-même. Ne te juge pas.
Et sincèrement merci de m’avoir lue avec autant d’intérêt.
Merci pour cet article qui permet de réaliser certains de nos comportements de protection. En tant qu’accompagnante, je constate combien ces blessures peuvent aussi entraver notre créativité.
Merci pour ton retour avisé Sylvie🙏 , toutes nos blessures sont effectivement des freins à notre joie de vivre, notre créativité, notre capacité d’avancer sereinement dans la vie.
Très bel article, qui met des mots sur ce que j’ai pu ressentir pendant des années. Je me rends compte du cheminement que j’ai parcouru… Et j’aurais aimé rencontrer les constellations chamaniques plus tôt 🤩
Merci pour ton retour Laetitia, c’est vrai que quand on regarde en arrière, on s’aperçoit de la masse de connaissances acquises, de l’expérience aussi. Et surtout tout le chemin qu’on a parcouru parfois dans le calme, parfois dans la tempête. Et oui, les constellations chamaniques peuvent souvent ouvrir des portes qu’on aurait aimé franchir plus tôt… mais chaque étape a aussi son propre sens. 🙏
Merci pour cet article plein de justesse.Tu mets des mots sur des ressentis parfois difficiles à cerner.
Merci à toi Jeanne pour ta lecture. C’est parfois un défi de mettre des mots sur ce qu’on ressent confusément. Si ce texte a pu t’aider à y voir un peu plus clair, alors j’en suis contente 😊
Merci pour ce texte. Douleur, loyauté, silence … On porte parfois encore ces traces anciennes, même quand on pense avoir “avancé”. En te lisant, j’ai senti non pas une pression pour tout réparer, mais une invitation douce à envisager les choses autrement, à mon rythme.
Merci pour cette parole qui accueille, sans juger, et qui fait du bien là où ça reste parfois sensible.
Merci pour ton gentil message Vincent. Ce que tu dis sur les traces anciennes qu’on continue parfois à porter, même après un long chemin, résonne profondément. L’idée n’est pas de tout réparer, mais justement d’ouvrir un autre regard, plus doux, plus ajusté. Je suis contente que tu l’aies ressenti comme ça.
Ton article est une véritable invitation à la réconciliation intérieure. Tu décris avec précision ces mécanismes de protection que nous adoptons face à la peur de l’abandon. En tant que coach, je vois combien ces schémas peuvent être limitants. Merci pour cette exploration sincère et bienveillante.
Merci pour ton retour. Tu soulignes quelque chose d’essentiel : ces mécanismes de protection liés à la peur de l’abandon sont souvent bien installés, parfois même invisibles pour ceux qui les vivent. Les reconnaître, sans les juger, permet souvent d’ouvrir un espace de réconciliation intérieure, comme tu le dis très justement. Et en tant que coach, tu vois sûrement à quel point ces schémas peuvent limiter les élans profonds. Merci pour ta lecture et ton écho.
Ton article est un baume pour l’âme et une boussole pour les cœurs cabossés. Tu réussis à mettre des mots justes sur des blessures souvent silencieuses. Merci pour cette lumière posée sur le chemin de la réconciliation intérieure et familiale.
Merci Jackie pour ton message. Ce que tu évoques me touche, parce que c’est exactement ce que je cherche à offrir à travers mes articles: un espace où les blessures peuvent être regardées autrement, sans pression, sans urgence, mais avec justesse et humanité. Les chemins de réconciliation, intérieure comme familiale, ne sont jamais si faciles, mais quand on peut les éclairer un peu, cela change souvent la façon de les traverser. Merci pour ta lecture attentive.